À l ’heure où nous découvrons les noms des candidats probables aux prochaines élections, nous pouvons nous demander s’il existe un candidat idéal. Ou une candidate idéale.
Nombreux diront qu’un tel oiseau rare n’existe pas, ou qu’ils sont tous les mêmes. Aussi, à quoi bon le chercher, car c’est le leader, le parti et/ou un groupe inf luent d’en haut qui choisira ? Pas parce qu’ils ont trouvé le candidat idéal en fonction de critères allant de sa religion à sa caste en passant par le soutien populaire qu’il puisse galvaniser ou même l’argent qu’il apportera pour faire campagne, mais à la lumière aussi de facteurs qui résultent de tractations d’alliance ou de décisions stratégiques. Et qui dit que l’électorat votera pour le candidat idéal quand un « pied banane » fera l’affaire ?
- INSATISFAIT = DEHORS
Le candidat idéal n’est pas celui qui, obligatoirement, a toutes les chances de gagner. Car, ce favori pour la course aux votes peut être un très piètre député s’il est élu. S’il devient ministre, il peut être médiocre à ce poste. Un candidat qui est idéal pour une circonscription ne l’est pas nécessairement pour une autre. Nous avons tendance, à tort ou à raison, à définir le profil idéal en termes d’appartenance identitaire d’abord. Mais lorsque les blocs principaux alignent des candidats de la même communauté, comme aux numéros 2 et 3, cela fait que l’idéal se trouve ailleurs.Souvent la compétence, l’intégrité et la volonté de servir ont été citées comme les paramètres pour le candidat le plus méritant. À cela nous pouvons ajouter les valeurs qu’ incarne le candidat, non pas superficiellement mais dans la réalité. Trop couramment nous faisons confiance à l’apparence, y compris au pouvoir de communication du politicien. S’il parle bien, il est un bon politicien. Mais parle-t-il pour le bien ? Et que fait-il de bon, vraiment ? Pour les candidats qui reviennent vers nous pour chercher un autre mandat, c’est un test déterminant: qu’ontils réalisé concrètement lorsqu’ils ont été élus ? Une première formule très simple et juste est à notre disposition: ne votons pas pour ceux ou celles qui n’ont pas donné satisfaction quand ils ont été élus la dernière fois, qu’ils soient du gouvernement ou de l’opposition. - CANDIDAT = MINISTRABLE
Par élimination, nous avançons mais nous sommes loin de définir le candidat idéal. Connaître par l’expérience du passé celui qui ne l’est pas est une chose, mais comment le distinguer parmi les nouveaux venus ? Avant de nous pencher sur ces derniers, doit-on obligatoirement renouveler notre confiance en ceux qui nous ont satisfaits pendant le précédent mandat ? Logiquement oui, principalement si cela ne fait aucun doute qu’ils ont accompli leurs engagements. Mais si leurs bilans ne sont pas suffisamment clairs, il faut s’ouvrir aux autres options qui sont disponibles.À la question de savoir si nous analysons de la même façon le bilan d’un gouvernement que celui de l’opposition, parlementaire particulièrement, la réponse est que personne ne se présente normalement pour prétendre à autre ambition que celle de gouverner. Bref, c’est leur capacité de diriger le pays qui doit motiver notre choix. Il faut objectivement comparer ce présent régime au précédent qui était au pouvoir avant 2014, sans négliger ceux qui ont un potentiel évident mais n’ont jamais été au pouvoir.Mais c’est là que l’exercice devient impossible, car trop fréquemment la partisannerie l’emporte. Il faut se rappeler que l’objectif ici n’est pas de pronostiquer qui sera le prochain Premier ministre, mais d’identifier le meilleur candidat pour représenter sa circonscription, mais pas seulement cela. S’il est élu, il pourra espérer être au sein du gouvernement. Le candidat idéal doit donc, également, avoir les qualités pour être un bon ministre. Sinon, il n’a pas totalement sa place. Trop de fois nous nous retrouvons avec des membres du Cabinet qui sont mauvais parce que nous n’avons pas eu cette exigence au niveau de la sélection des candidats. - MOT D’ORDRE = DROITURE
En mettant la barre haut pour la désignation des candidats, nous progressons dans la détermination du candidat idéal, mais il y a une réalité qui fait obstacle à tout ce processus. Les leaders et autres chefs de différentes alliances, voudront-ils vraiment d’une personne qui affiche une certaine indépendance ? L’idéal, pour eux, ne serait-il pas d’avoir des candidats qui seront faciles à contrôler, ceux qui ne feront que leur obéir aveuglement, des « yes-men » qui leur font allégeance complètement même si cela est au détriment de leurs mandants ou des principes ?Notre culture politique locale et notre système électoral, comme il est, ne permettent pas ainsi l’émergence du candidat qui est idéal pour les citoyens. Peut-on s’attendre à un changement radical du jour au lendemain ? Sans doute non, vu que les enjeux actuels tels que nos décideurs les traitent ne l’admettent pas dans l’immédiat. L’électorat devra quasiment toujours s’aligner derrière l’un des deux blocs majeurs, même si leurs candidats sont loin d’être ce qu’ils méritent.Ce que nous puissions souhaiter c’est que les leaders politiques ne font aucun compromis ne serait-ce sur un aspect vital lorsqu’ils choisissent: qu’ils nous donnent des candidats qui sont épris de justice. Avec le rejet de ceux qui nous ont déjà déçus auparavant et l’attente que les candidats soient de calibre « ministrables », prions que ce sont ceux qui ont un sens profond d’équité qui nous soient proposés. Dans le présent contexte où tout n’est pas noir ou blanc, savoir qu’un élu, éventuellement un ministre, fait preuve de droiture, est une qualité qui a tout son pesant d’or.Nous avons par fois les dirigeants que nous méritons, finalement un peu à notre propre image. La perfection n’est pas humaine, mais la quête de droiture est ce qui nous rapproche de notre idéal. S’il devait y avoir un mot d’ordre sans insulter l’intelligence de l’électorat, il serait ceci: droiture.