Les sentiments et les émotions des jeunes restent inaudibles

Les sentiments et les émotions des jeunes restent inaudibles

La crise des valeurs chez les jeunes a défrayé la chronique récemment, notamment dans le sillage des propos déplacés d’un groupe d’élèves d’un collège d’élite envers une section de la population. Pour certains experts, il ne s’agit là que du sommet de l’iceberg. Les jeunes sont-ils les seuls à blâmer ?

Tout le pays a entendu avec stupeur les propos déplacés de ces élèves. Mais, nous devons comprendre que, bien que cela ne soit pas louable, cela a été fait dans un état d’euphorie. Peut-être que leur intention n’était pas de blesser quiconque, mais la plupart d’entre eux ont été entraînés par l’influence de la majorité incontrôlable pour ce cas spécifique.

Cependant, la crise des valeurs chez les jeunes reste un phénomène sociétal mondial. Les facteurs qui font dégénérer les valeurs morales chez les jeunes sont multiples. Parmi, il y a l’influence de la famille nucléaire et du mode de vie matérialiste. En particulier, lorsque les parents travaillent et n’ont pas de temps à partager avec leurs enfants. Les sentiments et les émotions de l’enfant restent inaudibles.

Ainsi, l’enfant se rabat sur la télévision, les amis, la mauvaise littérature et commence à mal se comporter. Cette rupture du contrôle parental sur les enfants diminue de jour en jour et, par conséquent, l’autonomie de la jeune génération augmente rapidement, ce qui résulte en une perte des valeurs.

D’une part, les parents ont davantage mis l’accent sur la réussite académique que sur le développement de valeurs morales. De l’autre, il y a un manque accru de programmes académiques liés aux valeurs humaines. Le système éducatif actuel est ainsi fait que nos jeunes peuvent facilement satisfaire leurs besoins fondamentaux et gagner de l’argent mais ne trouvent aucune importance des valeurs dans leur vie.

Les parents sont absents et les enfants reçoivent des objets technologiques pour compenser leur absence. Ajouté à cela, il n’y a presque plus de famille élargie ni la présence des grands-parents sous le même toit pour inculquer les valeurs morales.

Certains remontent à l’époque du boom économique des années 80 lorsque les mères au foyer ont commencé à travailler pour attribuer cette perte des valeurs chez les jeunes.

Définitivement, les choses ont considérablement changé depuis les années 80. Maintenant, il y a plus de familles à double revenus, des familles monoparentales, et il y a beaucoup plus de femmes dans la population active. Les enfants sont souvent élevés par d’autres personnes que leurs propres parents et n’ont personne pour leur inculquer les valeurs morales.

C’est le devoir premier des parents de communiquer avec les enfants, de leur transmettre les valeurs, la culture de la famille, les principes de vie qui leur serviront de boussole pour naviguer à travers ces eaux parfois très troubles.

On dit aussi que les enfants reproduisent le modèle qu’ils voient à la maison. Pensez-vous qu’il y a un déficit de valeurs chez les parents eux-mêmes ?

Nos enfants sont plus influencés par ce que nous faisons que par ce que nous disons. Dans la transmission des valeurs, s’il y a bien quelque chose qui ne fonctionne pas, c’est « Fais ce que je dis et non pas ce que je fais ».

Nos enfants nous observent pour avoir une idée de la manière dont ils doivent se comporter avec les autres. C’est la raison pour laquelle, si nous souhaitons transmettre nos valeurs à nos enfants, nous devons nous efforcer de les incarner personnellement. Nous devons être un exemple pour nos enfants. En effet, lorsque nos agissements sont en adéquation avec nos valeurs, nous sommes cohérents, et nos enfants apprennent de manière beaucoup plus efficace. Ainsi, ils ont un exemple concret de ce qui est attendu d’eux et de la manière dont cela peut se traduire.

La baisse de la natalité qui s’accentue dangereusement donne lieu à la problématique de l’enfant-roi. Ce dernier pourrait même devenir le nombril de la famille, sans limite, égoïste, intolérant, agressif et violent. Nous lui donnons tout et il considère que la société lui doit tout. Il crie, insulte, menace, casse ou cogne. Tout puissant, il devient le nouveau chef de famille qui fait la loi. Face à lui, des parents, des enseignants et des adultes épuisés, déroutés, confus, désemparés.

Qui dit crise des valeurs dit crise de mesures. Quelles sont ces mesures qui font défaut et qui pourraient améliorer la situation ?

Pour pallier les manquements, toutes les parties prenantes, parents, enseignants, chefs religieux et autres ONGs doivent se retrousser les manches.

Au niveau des écoles, nous constatons avec regret que la pratique de Morning Assembly quotidienne à l’école a été négligée. C’était le moment idéal pour faciliter l’intégration nationale par le biais de réunions de prière de toutes les religions, afin de développer la spiritualité et le discernement et d’accroître un sentiment d’appartenance et d’unité entre les élèves.

Nous avons la responsabilité de créer dans les écoles primaires, collèges et établissements d’enseignement supérieur une instance d’écoute où les élèves peuvent s’exprimer librement afin d’extirper leurs frustrations et souffrances. Pour le développement moral et holistique des jeunes, les écoles doivent introduire davantage d’activités extracurriculaires : le sport, la musique, le bénévolat.

Les parents doivent écouter leurs progénitures, les accompagner dans leurs peines. Ainsi, ils n’auront pas à aller chercher refuge chez les autres. Les chefs religieux, compte tenu de leur influence, ont un rôle fondamental à jouer. Ils devraient enseigner les valeurs morales et spirituelles, aller au-delà de la tolérance et prêcher des messages universels de paix et de respect et l’acceptation de l’autre.

Le Conseil des religions vient de lancer son aile jeune. La démarche va-t-elle dans le sens de la recherche des valeurs perdues ?

Le Conseil des religions considère que le pouvoir de la jeunesse est la force motrice d’une nation. La connaissance sans valeurs morales est non seulement inutile, mais aussi dangereuse pour la société. Si nous donnons une bonne éducation aux enfants d’aujourd’hui, l’avenir des générations futures sera bon.

L’orientation morale des jeunes doit être renforcée pour construire une société où priment les valeurs morales et l’harmonie. Il est absolument nécessaire d’élaborer et de mettre en œuvre des approches constructives pour la jeunesse dont dépendent le présent et l’avenir du pays.

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